L'année de la pensée magique - Joan Didion (2005)

Publié le par Atma

« La vie change vite

La vie change dans l'instant
On s'apprête à diner et la vie telle qu'on la connait s'arrête

La question de l'apitoiement.
»



 

Ainsi s'ouvre le roman. Le couple d'écrivains américains Joan Didion et John Gregorry Dunne rentre de l'hopital, où leur fille est hospitalisée dans une unité de soins intensifs. Dans la soirée, John décède brutalement d'une crise cardiaque. Joan Didion raconte l'après. Elle décortique son année de deuil, ses mécanismes, à travers anecdotes du passé sous un jour nouveau, l'obession de repasser encore et encore chaque minute ayant précédé le décès, ses tentatives pour donner un sens au présent. Il y a un très beau fil conducteur occupant une partie du texte, concernant l'impossibilité que Joan Didion a de jeter certains vêtements du défunt, alors qu'à ce moment elle nie le fait qu'elle soit dans le négation du décès. A un moment, elle s'abandonne, accepte et conclu le thême par « Comment pourrait-il revenir s'il n'a pas de chaussures ?.»


Une langue fluide, épurée, « honnête » sert ce roman douloureux, qui s'appuie sur des textes littéraires et poétiques comme sur des travaux scientifiques. ( Ce que les critiques ont appélé rédemption par la littérature). C'est un roman relativement « plombant » mais pourrait-il vraiment en être autrement ? Très intime aussi, je recommanderai cette lecture si vous êtes dans une phase assez enjouée. Une des choses m'ayant frappée tout de même : le deuil n'est pas lié qu'au décès, et les mécanismes décrits semblent être transposables à diverses situations dites de « deuil ».

 

Morceau choisi :

« Cétait même le côté ordinaire de tout ce qui avait précédé l'événement qui m'empêchait de croire pour de bon qu'il avait eu lieu, de l'absorber, de le digérer, de le surmonter. Je me rends compte à présent qu'il n'y avait là rien d'étrange : confrontés à un désastre soudain, nous nous étonnons de la banalité des circonstances dans lesquelles l'impensable se produit. (...) Même le rapport de la comisison d'enquête sur le 11 septembre s'ouvrait par cette remarque, lourde de pressentiment mais aussi de stupéfaction : « Le mardi 11 septembre 2001 s'annonçait comme une belle journée, presque sans nuages, sur la côte est des Etats-Unis. »

Joan Didion est une des grandes figures de la littérature outre Atlantique. Ce roman a remporté de nombreux prix à travers le monde et cet engouement à permis la traduction en français des ses autres romans.

Publié dans Lectures

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B
Ah, bravo ! Encore un à rajouter à une liste déjà trop longue...Ce ne sont pas des vacances qu'il faudrait, mais une bien bonne année sabbatique sympathique. Mais ça ne va pas se passer comme ça : pour la peine, je sors de mon blog pour te glisser deux suggestions de lecture revigorantes (comme tu aimes la SF, ça devrait aller) : Le Septième fils de Orson Scott Card et Le Moineau de Dieu de Mary Doria Russell (de l'ethno-fiction avec une chute incroyable). Non mais ! :O)
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